Titre
Tout le monde peut se sentir dans le rôle de l’imposteur, acheteur comme photographe. Mais c’est tout à fait salutaire
Définition
On a tous un jour expérimenté la mauvaise expérience de ne pas se sentir à la hauteur ou à sa place. Mais aussi, on a tous pensé un jour réaliser un mauvais travail. Et puis encore, on a tous un jour eu des doutes quand à un souhait d’acquisition. Nous parlerons ici particulièrement des cas du photographe auteur et de celui de l’amateur et collectionneur d’art. Il est vrai que le doute n’est jamais réservé à soi, il est universel, tout le monde y a droit, que l’on se pense le premier comme le dernier de la classe. La différence vient du fait que certains le montre ou communique dessus plus que d’autres. Autre point, le doute peut s’installer quelque soit le sujet. Tout est sujet au doute.
Les conséquences de ce syndrome de l’imposteur et des doutes qui nous envahissent, sont multiples et dépendent autant des individus que des situations. On peut se sentir totalement désorienté. Ou bien complètement bloqué. A contrario, cela peut pousser certains à agir de façon non raisonnée pour fuir ce doute. Comme nous venons de le voir, les réponses à ce stress peuvent varier très fortement.
Suis je normal en me sentant dans la peau de l’imposteur ?
Cependant, il est nécessaire de savoir que l’on passe tous par ces phases de doute et que non seulement c’est normal, mais c’est même salutaire. Tout le monde doute, et c’est tout à fait normal, c’est justement une réaction assez intéressante de notre cerveau. En effet, celui-ci va analyser la situation, et sur-réagir à un stress en lançant un signal d’alarme. Cependant, ce signal n’est que pure spéculation issue de l’analyse du cerveau. Et nous le savons, il n’y a pas plus mauvais juge que son propre cerveau. Il n’est donc pas nécessaire de s’alarmer outre mesure. Il faut prendre ce doute, pour analyser toutes les données et présenter les éléments à leurs juste grandeurs. Il est souvent judicieux alors de regarder d’où l’on vient et où l’on veut aller. Cela aide fortement à rationaliser. Donc rassurez vous, vous êtes tout à fait normal.
Coté de l’auteur photographe
Comme chaque créateur, inventeur, chercheur, l’auteur photographe est fortement soumis au doute. En tant qu’auteur on a très (trop) souvent l’impression que notre production n’est pas à la hauteur. Ce doute de la création est salutaire, il permet de prendre du recul, de faire des introspections sur son travail. Il faut cependant faire attention à ne pas tomber dans l’excès de doute qui serait paralysant.
L’auteur est parfois amené à se confronter ou se comparer à d’autres auteurs. Et force est de constater, il n’est pas à la hauteur. Enfin, ça c’est ce que son cerveau veut lui faire comprendre. Car dans la réalité, chaque artiste a sa propre sensibilité, et un même sujet, un même thème ne sera jamais traité de façon identique par deux auteurs. Il en résulte donc deux œuvres qui ne seront pas vraiment comparables, chacune ayant ses propres caractéristiques et racontant sa propre histoire.
Il peut aussi arriver que l’auteur doute du fait de pouvoir faire la même chose qu’un autre artiste. Mais son but est il de copier ou de plagier l’autre artiste ? Non, bien, sur, dans l’art, il est fréquent qu’un même sujet soit abordé par des artistes différents qui en donneront alors leur interprétation. Peut-on alors dire qu’il y a un traitement supérieur à l’autre ? Il ne me semble pas que le débat soit à ce niveau. Il est plutôt préférable de voir ce que la création racontera, comment elle sera reçue par le public, plutôt que de faire une comparaison hasardeuse.
Dernier point et non des moindres, l’auteur comme tout à chacun est soumis à la loi de l’escalier dans ses réalisations. C’est à dire qu’il aura des phases de croissances et de progression, et puis inévitablement, à un moment, il maitrisera son sujet et aura l’impression de stagner. Cette phase plane pourra durer un certain temps, jusqu’à ce qu’une nouvelle impulsion, un nouvel élan créatif, un nouvel outil, etc, lui permette de progresser à nouveau. Il est évident que le doute peut facilement s’installer dans la phase plane, mais c’est aussi le moment où il est peut être temps de prendre un peu de repos.
Coté acheteur et collectionneur d’art
Le principal doute ou syndrome de l’imposteur lorsque l’on va acheter une œuvre, c’est au moment de la première acquisition. En effet, à ce moment là, on peut se demander si l’on est réellement à même de mesurer l’intérêt artistique d’une œuvre. C’est tout à fait vrai, cela prend du temps. Cependant, je ne peux que vous conseiller d’écouter votre cœur, vos sentiments, et votre ressenti avant toute autre chose. Si la photographie que vous convoitez semble vous plaire, vous mets en émoi et vous transporte alors, je n’aurais qu’un mot « Achetez ! » (si bien sur le prix est cohérent avec le budget que vous vous êtes fixé). Je le dis souvent mais en photographie, sur le long terme, on a de très forte chance de s’y retrouver, voir même d’avoir d’agréables surprises.
Le doute peut aussi venir du fait que le prix indiqué peut dérouter. Dans ces cas là je ne saurais que vous conseiller de vous reporter à l’article suivant où j’explique comment se détermine le prix d’une photographie d’art. Cela vous permettra peut-être de vous rendre compte si l’œuvre est dans les prix du marché, ou bien sur ou sous-évaluée et prendre ainsi la décision en connaissance de cause.
Dernière cause chez l’acquéreur d’art, c’est le doute qui peut s’immiscer par rapport au quand dira-t-on, vis à vis de l’acquisition que je viens de réaliser. Ne va-t-on pas se moquer de moi ? Là encore, il me semble que si vous arrivez à justifier les raisons de votre acquisition, en faisant ressortir les points intéressants de celle-ci, alors non vous ne vous serrez pas trompé et votre auditoire n’aura aucune raison de vous moquer.
Conclusion
Même si personnellement je peux aussi avoir ce syndrome de l’imposteur dans mon métier de galeriste, je passe outre en ayant toujours en tête le devoir de rester franc et transparent. Mon métier est de vous aider dans la sélection et le choix d’une œuvre.
Il en va de même pour vous, il est de votre droit de douter, toujours, c’est même salutaire. C’est quand on ne doute plus qu’il faut vraiment se poser des questions, car là souvent c’est que nous sommes dans l’erreur ou le faux semblant. Prenez donc les doutes en face lorsqu’ils ne manqueront pas de venir se présenter en vous. Utilisez ces doutes pour parfois vous remettre en question, très souvent avancer et encore mieux avancer. Le premier pas est toujours celui qui coute le plus.
Je terminerais pas cette anecdote qui me vient de ma période militaire chez les parachutistes. Les instructeurs disaient constamment, que c’est le jour où l’on ne doute plus de soi lorsqu’on se prépare pour sauter qu’il faut raccrocher le pépin (parachute).
Doutez, doutez et doutez encore, c’est pour votre bien.