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L’affaire du portrait d’Edmond Bellamy

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L’affaire Edmond Bellamy

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Rappel de l’affaire

Trois français, regroupés sous le nom OBVIOUS, élaborent, à l’aide d’un logiciel utilisant l’intelligence artificielle, le projet de faire réaliser un portrait par une machine. Après avoir fait réaliser par leur machine plusieurs toiles, l’une d’elle est vendue sur eBay (pour 10 000 euro, ce qui est déjà un prix considérable), puis son acquéreur décide de la proposer en vente auprès de Christie’s. Le 25 octobre 2018 la toile est adjugée à… $432.000 (soit l’équivalent de 380 000 euro) au terme des enchères. Le prix très élevé fait naitre une vague de commentaire après cette vente.



Rappel

Dans un article précédent je vous avais présenté la définition d’une œuvre d’art. Vous pourrez retrouver l’article ici. D’après la définition littérale, une œuvre ne peut être la création que d’un être vivant et pensant. Ici le fait qu’un ordinateur soit à l’origine de l’œuvre semble donc questionner.



Technique utilisée par l’équipe OBVIOUS

Les trois français utilisent un logiciel mis dans le domaine public par son créateur. Ce logiciel utilisant les techniques de l’intelligence artificielle fut paramétré pour analyser des portraits et ensuite tenter d’en recréer un à partir des analyses précédentes. Ainsi, ce sont pas loin de 15 000 portraits datant du XIVième au XIXième siècle qui sont donnés à la machine. Celle-ci va ensuite créer un nouveau portrait.
Mais cela ne s’arrête pas là, puisque le groupe OBVIOUS a en parallèle mis en place un second programme qui était destiné à analyser un portrait et qui devait déterminer si celui-ci avait été fait par un ordinateur ou par un humain. Ainsi le premier programme ‘le peintre‘, proposait un portrait au second ‘l’inspecteur‘. Si ‘l’inspecteur‘ réussissait à déterminer que le portrait avait été fait par ordinateur, alors il retoquait le portrait et indiquait alors au ‘peintre‘ ce qui lui avait permis de détecter que ce n’était pas un humain, ce qui permettait au ‘peintre‘ de ne plus produire cette erreur par la suite. C’est à force d’itération successive qu’à un moment ‘l’inspecteur‘ ne fut plus capable de déterminer si le tableau réalisé le fut d’une machine ou d’un humain. Ainsi, naquit une série de portraits appelés « famille Bellamy ».

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Les avis sur Edmond Bellamy

Une chose est certaine, l’affaire ne laisse pas indifférent. D’un coté il y a les partisans de cette technique de création. Pour eux, l’ordinateur et l’intelligence artificielle va faire émerger une nouvelle forme d’art. Tout comme la photographie ou le cinéma au XIXième siècle qui ont eu recours à des moyens mécaniques pour exister. Ils pensent donc que ce sera une forme d’art du paysage artistique de demain, un outil de création supplémentaire, plus ou moins influencé par l’humain.
Pour d’autres au contraire (je me place aujourd’hui plutôt de ce coté sur ce sujet), ce ne peut être un art du futur, car la programmation fait que tout est reproductible, si l’on réunit les mêmes conditions d’exécution. De plus cela rend finalement ‘l’art‘ accessible à tous, sans aucun autre prérequis que de n’avoir l’ordinateur capable de réaliser les calculs (qui tendra bientôt dans la main de chacun, les smartphones d’aujourd’hui étant de plus en plus puissants, c’est l’autonomie aujourd’hui le véritable enjeu de la miniaturisation). Ainsi si tout le monde est capable de produire des œuvres, ce ne sera plus qu’un objet, un article de consommation courante et perdra naturellement de ce fait le nom d’œuvre d’art.



Alors ? Art ou mimétisme ?

La question se pose, puisque l’ordinateur pour apprendre doit trouver une ‘inspiration‘ humaine. Il y a déjà eu des précédents. En 2016, après analyse des toiles du maître, un ordinateur subventionné par Microsoft avait peint un « Rembrandt« . Un peu plus tard, de son coté Sony travaillait, en faisant ingurgiter à une machine les oeuvres des Beetles, à la création d’un nouveau morceau avec la musicalité du groupe anglais. Google travaille à une machine capable d’écrire des romans ‘à l’eau de rose‘ et sur des poèmes. On voit qu’il y a un fort engouement des multinationales pour travailler sur ce secteur. Cependant, il n’est pas certain que ces sociétés spécialisées dans le commerce de masse aient pour unique but, la création artistique. On peut surement s’attendre à un débouché commercial juteux.



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Conclusion

Que doit-on attendre d’une œuvre synthétique ? Alors oui, la vente du portrait d’Edmond Bellamy a mis en émois par le prix atteint la communauté des collectionneurs, cependant, il faut plutôt prendre en considération que le prix atteint l’a été car c’était la première œuvre de ce type commercialisée, et il est fort probable que si des suites sont données, les prix risquent d’être bien plus décevant pour les vendeurs. Quand à l’acquéreur d’Edmond Bellamy, rentrera t il dans ses frais le jour où il souhaitera revendre son bien ?

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